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L'Europe revoit sa stratégie

Par Arnaud AUBRON

Libération du jeudi 25 novembre 2004

La «guerre à la drogue» pourrait être mise à rude épreuve aujourd'hui. A Bruxelles tout d'abord, où la commission des libertés civiles du Parlement européen doit se prononcer sur la stratégie antidrogues 2005-2012 de l'Union, qui sera adoptée par le Conseil le 17 décembre. Très critique envers la politique actuelle, le texte soumis aux députés pourrait à terme, espèrent les antiprohibitionnistes, servir de base à une remise en cause des politiques de tolérance zéro qu'imposent les Etats-Unis via l'ONU. Parallèlement, aujourd'hui et demain à Paris, politiques et hauts responsables de la lutte antidrogues (dont Raymond Kendall) participent à l'important symposium international «Politique des drogues : innovations locales et challenges globaux», organisé par SOS Drogue International et le Conseil de Senlis (organe de réflexion sur la politique des drogues), sous le patronage de la région Ile-de-France.

 

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Pour lutter contre les drogues, l'Europe cherche une stratégie

Après l'échec des politiques antidrogues enregistré ces dernières années, les antiprohibitionnistes espèrent être entendus.

Par Arnaud AUBRON

jeudi 25 novembre 2004

 

L'agenda de la politique internationale des drogues est pour le moins chargé jeudi. L'Office européen des drogues et toxicomanies a ouvert le bal dans la matinée en présentant depuis Bruxelles son rapport annuel sur la consommation de drogues dans les 25 pays de l'Union. Toujours à Bruxelles, la Commission libertés civiles de l'Europarlement doit se prononcer sur la stratégie antidrogues de l'Union européenne pour les années 2005-2012. Cet avis n'est toutefois que consultatif, puisque la stratégie sera définitivement adoptée par le Conseil de l'Union le 17 décembre. « L'évaluation finale de l'actuelle stratégie antidrogues européenne, qui couvre la période 2000-2004, a établi qu'aucun des six objectifs fixés n'a été atteint », affirme dans le projet qui sera soumis aux eurodéputés l'Italien Giusto Catania, rapporteur de la Commission des libertés civiles.

Ce jugement donne du grain à moudre aux ONG militant pour la fin de la tolérance zéro en matière de drogues. « Après le rejet de Buttiglione, la Commission des affaires civiles du Parlement a une occasion d'adresser un message clair aux citoyens et institutions de l'Union, affirmait mardi l'ONG Encod, coalition d'ONG européennes « pour une politique des drogues juste et efficace ». L'Europe est prête à changer d'approche sur la question des drogues. Pour la première fois dans l'histoire, un Parlement pourrait exprimer la nécessité de mettre fin au prêt-à-penser en matière de drogues. Nous nous approchons de la première décision majeure pour mettre fin à la guerre à la drogue ». L'Europe, espère la plupart des antiprohibitionnistes, pourrait prendre la tête des partisans du traitement social des drogues face aux Etats-Unis (farouches partisans de la guerre à la drogue) dans la perspective de 2008. A cette date, les conventions de l'ONU régissant le droit international des drogues doivent être révisées. Elles interdisent encore aujourd'hui aux membres de l'ONU toute expérience de légalisation des drogues.

« Ces vingt dernières années, l'Europe a développé des politiques pragmatiques et fondées sur le soin en réponse aux problèmes posés par les drogues. Ces politiques doivent aujourd'hui être développées au niveau local et, également, relayées au niveau international afin de proposer une alternative à la guerre à la drogue imposée par les Etats-Unis et qui a maintenant fait la preuve de son inefficacité tout en causant tant de dommages », affirme de son côté le Conseil de Senlis (organe international de réflexion sur la politique des drogues), qui organise avec SOS Drogues International, jeudi et vendredi à Paris, un symposium international intitulé « Politique des drogues: innovations locales et challenges globaux », sous le patronage du Conseil régional d'Ile-de-France (1). A cette occasion, des hommes politiques, des coordinateurs nationaux des politiques de drogues, des spécialistes du terrorisme et d'autres experts discuteront des alternatives possibles au tout répressif.

(1) Au Conseil régional d'Ile-de-France, 57 rue de Babylone, dans le VIIe arrondissement.

 

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