Source (le 4/12/2004)

 

02/12/2004 - 09:08

WASHINGTON, 2 déc (AFP)

Malgré 25 ans de lutte anti-drogue, la cocaïne coûte moins cher dans la rue

 

La cocaïne et l'héroïne sont trois fois moins chères aujourd'hui dans les rues des grandes villes américaines qu'il y a 20 ans malgré un quart de siècle de lutte anti-drogue, selon des chiffres officiels récemment dévoilés.

En 2003, n'importe quel toxicomane pouvait trouver la dose de deux grammes de cocaïne en vente au détail à 106,54 dollars en moyenne aux Etats-Unis, contre 471,88 dollars en 1983, selon une étude très détaillée, réalisée pour le bureau chargé de suivre la lutte anti-drogue à la Maison Blanche, et divulguée par l'organisation non gouvernementale WOLA (Washington Office on Latin America).

Même dégringolade pour les "cours" de l'héroïne, qui se négociait 60,33 dollars le gramme en moyenne en 2003, alors que la même dose coûtait 271,10 dollars en 1983.

Or, dans le même temps, 480.519 arrestations liées au trafic de drogue ont été réalisées aux Etats-Unis en 2002 (dernier chiffre connu), contre 52.466 en 2003, selon les mêmes documents.

"La demande de cocaïne, crack et d'héroïne est pour le moins stable, sinon plus vive", remarque John Walsh, expert travaillant pour le compte de WOLA, une organisation très critique sur la politique menée par Washington pour lutter contre le trafic de drogues.

"Ces chiffres montrent que la guerre contre les narcotrafiquants a échoué", a jugé l'organisation dans un communiqué diffusé cette semaine à Washington.

"Après 25 ans et 25 milliards de dollars consacrés à la lutte anti-drogue en Amérique latine, nous n'avons pas réussi à gagner la guerre qui devrait au fond revenir à limiter la consommation", a ajouté le directeur exécutif de WOLA, Joy Olson.

"Nous avons dépensé des milliards en Amérique latine et n'avons rien à montrer si ce n'est des dommages collatéraux", a-t-il affirmé en citant "la guerre contre les pauvres" et une "attaque contre les institutions démocratiques".

Un fonctionnaire chargé de la lutte anti-drogue a confirmé à l'AFP les chiffres, qui ont été compilés par le groupe d'experts de la Rand Corporation pour le gouvernement.

Il a néanmoins tenté de les minimiser en déclarant que ces chiffres étaient "dépassés" et représentaient "une demi-vérité" puisqu'ils ne prenaient pas en compte les résultats des actions menées depuis 2001 par l'administration Bush pour réduire les plantations de coca en Colombie.

Les perturbations que la politique d'éradication a causé aux narcotrafiquants et aux rebelles colombiens "doivent avoir des répercussions dans le système" et un impact sur la disponibilité, la qualité et les prix des produits illicites, selon lui.

La même source affirme que les cultures de coca ont été réduites d'environ 33% en Colombie en 2003, et que la baisse globale, en comptant l'année 2004, sera de l'ordre de 40 à 45% sur les 169.000 hectares recensés.

Toujours selon la même source, le volume global de cocaïne consommé aux Etats-Unis aurait baissé à 250 tonnes par an contre 300 avant le lancement du "Plan Colombie" par l'administration Bush.

Ce plan qui a permis d'injecter 3 milliards de dollars en Colombie pour la lutte contre le trafic de drogue, doit prendre fin en 2006. Le Congrès et l'administration Bush sont en train de préparer un nouveau plan pour lui succéder, avec le gouvernement colombien.

Droits de reproduction et de diffusion réservés © Courrier international 2004