Date : samedi 31 mai 2003

Source : Le Droit (Canada)

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Cannabis : quoi croire ?

Depuis la publication du rapport du comité du Sénat sur la légalisation de la marijuana, et du projet de loi sur la décriminalisation, les gens s'interrogent de plus en plus.

La réalité au Québec, c'est que 30 % des jeunes de 15-24 ans - sans compter évidemment ceux de 12-14 ans et un nombre imposant d'adultes de 25-40 ans - consomment de la marijuana.

Le National Institute of Medecine de Washington a conclu que le cannabis non modifié a un indice de sécurité aux environs de 40 000. En d'autres termes, il est presque impossible de faire une surdose de cannabis.

Pas une cause de délinquance ni de violence

Il a été franchement démontré dans le rapport Nolin que le cannabis n'est pas en soi une cause de délinquance, de criminalité et que le cannabis n'est pas une cause de violence. Il est de plus établi par le comité Nolin que la consommation de cannabis n'est pas une drogue d'escalade qui mène vers des drogues plus fortes.

En fait, les drogues sont plus dangereuses parce qu'elles sont illégales. De la même façon que des milliers de personnes sont mortes, devinrent aveugles ou furent emprisonnées à cause de leur consommation d'alcool frelaté il y a 75 ans !

Tentez d'imaginer qu'à chaque fois que vous buviez une bouteille de bière, vous ne saviez pas si le pourcentage d'alcool est à 5 % ou à 95 %. Qu'à chaque fois que vous preniez une aspirine, vous ne saviez pas si c'est 5 milligrammes ou 200 mg que vous absorbiez.

C'est ce qui se produit en ce moment pour les drogues illicites. Ceux qui en consomment ne savent jamais si la dose consommée sera super puissante ou mortelle !

Actuellement sur le marché illégal, le taux de THC (qui est l'ingrédient actif) dans la marijuana varie entre 12 et 20 %. Il n'est pas rare non plus de trouver la marijuana modifiée avec pcp ou encore au lsd. Si l'État en contrôlait la distribution le taux de THC de la marijuana pourrait se situer entre 2 et 5 %.

Faire la différence des marchés

Être d'accord avec la légalisation du cannabis ne veut pas dire : faisons la débauche et soyons tous gelés !

Cela veut plutôt dire entre autres :

- Établir une séparation entre le marché (et plus particulièrement les jeunes) des drogues dures et celui des drogues douces ;

- Éviter que les consommateurs de drogues n'entrent en contact avec les drogues dures et

- Protéger ces consommateurs contre le milieu criminel des trafiquants et évidemment, de s'assurer de la qualité de la marijuana.

Des expériences ont démontré que des politiques plus libérales en matière de marijuana dans d'autres pays ont eu des résultats intéressants.

L'exemple de la Hollande

La Hollande a adopté des politiques plus tolérantes au sujet de la marijuana et les recherches sur le taux de consommation dans ces pays indiquent qu'ils sont généralement plus bas que dans les pays où la marijuana est prohibée.

On pourra toujours, comme société de continuer d'appuyer la prohibition cela sera un choix tout à fait légitimé.

Des personnes, peut-être vos enfants, continueront de se faire arrêter et ainsi être traitées comme de vrais criminels ! Certains iront en prison ! D'autres en mourront. Certains feront une overdose après avoir essayé un produit cool offert par un revendeur. D'autres développeront une polytoxicomanie initié par ses revendeurs qui ont toujours en leur possession lsd, cocaïne, pcp, extasy, etc. à bons prix et des armes bien entendues !

Quand on se positionne sur un sujet délicat et surtout émotif comme les drogues, il est important de l'analyser de façon objective. Il faut laisser ses préjugés et valeurs de côté, de faire l'effort de les surpasser !

Le danger de la dépendance

Évidemment, le cannabis est une drogue qui peut causer la dépendance et cela au même titre que l'alcool et la nicotine. À cet égard, il serait préférable que les gens s'abstiennent de toutes drogues qui causent la dépendance.

Enfin, il y a aussi là une occasion de se questionner sur les 500 $ millions par année que les gouvernements dépensent pour la répression.

La mise sur pied de véritable campagne de prévention et de promotion de la santé auprès des jeunes pourrait freiner et possiblement inverser la tendance à la hausse des 10 dernières années.

Maurice Hotte, travailleur social spécialisé en toxicomanie, directeur des programmes de S.O.S. Contact Al-To et de M-Ado jeunes à Buckingham