Compte-rendu (sommaire) d'une émission de France-Culture, Perspectives scientifiques, "Toxicomanie : psychiatrie ou psychanalyse ?", 15/5/97.

Propos d'Annie Mino, spécialiste en toxicomanie, auteure de "Les mensonges qui tuent les drogués", Calmann-Lévy.

 

Il existe un apprentissage de l'effet de l'héroïne.

Dans les programmes de distribution contrôlée, on a l'inscription de la prescription dans sa dimension sociale.

La politique de sevrage brutale et imposée a conduit aux rechutes : modèle pervers, car il existe une interaction produit-environnement.

Mais les programmes s'appliquent à ne jamais renoncer au sevrage pour ceux qui le veulent.

Il s'avère qu'un sevrage très régressif permet une qualité de vie correcte, mais cela dépend de l'individu.

Héroïne et méthadone : rôle antidépressif et antipsychotique.

Certains individus sont plus sensibles génétiquement à une dépendance opiacés (caractéristique mise en évidence par chercheurs l'an dernier).

Social, environnemental, sociologique, psychologique : nous n'avons pas le droit d'exclure aucune de ces hypothèses, en tant que médecins.

La France en retard dans ces approches « parce qu'ils [les médecins] ne savent pas lire l'anglais », alors que des travaux américains dans les années 70 très documentés ont montré déjà l'avantage des structures médicalisées.

Mais c'est le sida qui a fait évoluer les consciences.

L'"expérience" de la place Spitz, fermée en 92 (Zurich) « n'a jamais été organisée, elle est directement issue d'une politique répressive dans laquelle il y avait une véritable chasse à l'homme, répression stoppée avec l'apparition sida, mais associée à aucune organisation, d'où dérive et dealers. Cet exemple prouve bien les effets pervers de la prohibition, bien que certains aient voulu voir par là l'illustration d'une politique alternative "laxiste" ».

Il faut apprendre à vivre avec les drogues, elles sont encore là pour longtemps. Il faudrait éviter d'utiliser les drogués et les drogues comme fer de lance pour résoudre un certain nombre de problèmes dans la société, et [on constate] la tendance maximale actuellement pour se servir des drogués comme boucs émissaires.