La Libre Belgique (B) du 16 juin 2002
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R.C. (avec Belga)
La ministre de la Santé, Magda Alvoet, a déclaré ce samedi à Liège, lors d'un symposium dédié à La Ville: carrefour d'une politique de prévention des toxicomanies, qu'elle était personnellement en faveur de la distribution contrôlée d'héroïne. « En ce qui me concerne, je n'ai aucun problème pour mettre ce dossier sur la table. Mais aussi convaincue que je sois, je ne peux pas décider seule », a-t-elle remarqué. La ministre attend toutefois encore les résultats d'une étude réalisée aux Pays-Bas, avant de poser ouvertement la question au gouvernement.
Actuellement, plusieurs expériences sur le sevrage des toxicomanes menées à l'étranger sont à l'étude. Notamment le projet développé à Genève depuis 1995, qui a été présenté lors du Colloque par le docteur Barbara Broers. A Genève, 1100 toxicomanes sur 30000 sont en traitement. Ce sont principalement des trentenaires, qui ont une quinzaine d'années de toxicomanie derrière eux et qui ont connu de graves problèmes psychologiques et médicaux. Le programme, qui comporte une approche globale psycho-médico-sociale, consiste en deux ou trois injections quotidiennes, la première étant réalisée avant 9 heures. « Nous avons d'excellents résultats et le programme permet aux personnes en traitement de reprendre une vie sociale et professionnelle presque normale. La délivrance d'héroïne coûte plus cher que la prescription de méthadone mais elle permet de réduire les coûts en matière de sécurité, de couverture de soins de santé...», a expliqué Barbara Broers. Le programme permet de faire chuter de 96% les délits commis par un toxicomane. À Liège, un projet de délivrance contrôlée d'héroïne est sur la table depuis 1998. Mais la Ville attend une modification de la législation.
Séduite par le programme suisse, Magda Alvoet a manifesté son intérêt. Elle a confirmé que des projets pilotes se dérouleraient dans les villes qui sont bien avancées dans les programmes de délivrance de méthadone. « Un toxicomane, c'est deux autoradios volés tous les jours. A Liège, entre 80 et 90% des interventions de la police concernent des faits touchant à la drogue. Les toxicomanes sont des malades, qui souffrent et qui font souffrir leur entourage. Ils doivent être soignés. Le projet est prêt, il ne manque que l'arsenal législatif », a conclu le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, également président du Forum belge pour la Prévention et la Sécurité urbaine.
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