EN FINIR AVEC LA THÉORIE DITE "DE L'ESCALADE"

Pour me prémunir des procès d'intention les plus loufoques qui ne manqueront pas de survenir, je précise que cette mise au point n'a pas pour objectif de promouvoir l'usage de cannabis ou de prétendre à son innocuité, mais de souligner simplement le peu de cas que la rhétorique prohibitionniste fait de l'élémentaire exigence de rigueur intellectuelle sans laquelle, effectivement, toutes les opinions se valent.

 

 

Aux Etats-Unis, dans les années 50, les prohibitionnistes ont répandu l'idée que la consommation de cannabis pouvait conduire à la consommation de drogues dures. Après des années d'anathèmes hystériques contre le cannabis [cf lien à venir sur Harry Anslinger], cet argument pouvait redonner une apparence de crédibilité scientifique à ceux qui l'employaient. Elle se présente effectivement souvent sous une structure assez séduisante, de la forme : « si tous les fumeurs de cannabis ne sont pas passés à la consommation de drogues dures, en revanche tous les usagers de drogues dures ont commencé par le cannabis ».

Cette argumentation est en fait une confusion entre une corrélation et lien de cause à effet. Elle part d'un énoncé, apparemment exact, constatant qu'"une majorité de consommateurs d'un produit A a commencé par un produit B", et en déduit : "Donc l'usage de B entraîne l'usage de A". Les statisticiens appellent cette erreur de raisonnement « l'inversion des probabilités ». Mais une coïncidence entre A et B ne signifie pas plus que A entraîne B ou que B entraîne A. Dans certaines situations, A et B peuvent même s'entraîner réciproquement. Il se peut aussi qu'un ou plusieurs autres critères, ignorés par ce raisonnement, soient la "cause" de A et B, sans même évoquer les interactions entre toutes ces caractéristiques.

C'est selon ce même "raisonnement" que certains pensent que les enfants maltraités deviendront majoritairement, à l'âge adulte, des parents maltraitants. Or c'est faux : environ 90 % des personnes maltraitées dans leur enfance deviennent ensuite des parents affectueux. Pourquoi croit-on si souvent l'inverse ? On part du constat exact que la plupart des parents abuseurs ont été maltraités dans leur enfance et on en tire la conclusion fausse que la plupart des enfants maltraités devenus adultes maltraitent leurs propres enfants. Or, il s'agit là de deux informations totalement indépendantes l'une de l'autre.

Autre exemple : le divorce. 100 % des divorcés ont été mariés, mais cela ne nous fournit aucune indication sur le pourcentage de mariés qui finissent par divorcer ; ce taux peut varier de 0 à 100 %. Lorsque nous examinons les divorcés, nous éliminons d'office de notre regard toutes les personnes qui se sont mariées et qui le sont restées. Et lorsque nous examinons les parents maltraitants, nous éliminons de notre regard tous les enfants maltraités qui sont devenus des parents affectueux, c'est-à-dire environ 90 %.

Revenons au cannabis. La "théorie de l'escalade" exclue d'office, dans son "raisonnement", le groupe constitué des 95 % d'usagers de cannabis qui ne sont "passés" et ne passeront jamais à aucune autre drogue, en se cantonnant au cannabis (comme drogue illicite). Et elle se focalise sur la réalité indéniable que représente cette minorité de 5 % d'usagers de cannabis qui a aussi consommé de la cocaïne et/ou de l'héroïne, et que l'on considère comme un groupe d'usagers à problèmes. Au passage, ce n'est pas parce qu'il existe des cas où un individu a, au cours de son existence, consommé d'abord du cannabis, puis une autre drogue illicite comme de la cocaïne ou de héroïne, que l'on pourrait déduire que la consommation de cannabis par elle-même entraînerait mécaniquement une consommation d'autres drogues.

La preuve : si une immense majorité de 95 % de fumeurs de cannabis se cantonnent à cette drogue, c'est donc qu'il faut chercher d'autres critères que le simple fait de consommer cette plante pour comprendre que 5 % se sont tournés ensuite vers d'autres drogues (et ce chiffre ne dit rien sur la nature de leur relation à ces drogues). Lorsque l'on réfléchit un peu, on s'aperçoit que le seul et unique point commun entre cannabis et drogues dites dures est leur caractère illicite : la première comme les secondes sont grandement susceptibles d'être proposées par un même dealer à un jeune... Effet pervers de la prohibition, qui prétend empêcher la consommation de drogues, et qui favorise le contact entre les jeunes et celles-ci !

Il est donc guère étonnant de constater que toutes les études qui ont eu pour objet de vérifier la validité de cette théorie sont parvenues globalement aux mêmes conclusions, et l'ont invalidée.

Un simple examen des statistiques disponibles en matière d'usages de drogue, malgré les difficultés d'évaluation (1), réfute cette idée d'escalade. On a en France plus de 9 millions d'expérimentateurs de cannabis, plus de 3 millions d'usagers occasionnels, 1,7 million d'usagers répétés et environ 280 000 usagers réguliers, et de 150.000 à 300.000 usagers d'héroïne : si la théorie était avérée, on aurait au moins 2 millions d'héroïnomanes. Aux Etats-Unis, plus de 72 millions d'Américains ont consommé du cannabis, et pourtant, on ne compte qu'un seul usager régulier de cocaïne sur 120 personnes ayant consommé du cannabis (2).

L'une des premières études majeures a été commanditée en 1938 par F. La Guardia, maire de New York. Menée pendant six ans et dirigée par une équipe de scientifiques de l'Académie de Médecine de New York, cette recherche fut la plus complète et la plus exhaustive depuis le rapport monumental de la Indian Hemp Drug Commission en 1894 (3). Publié en 1944, le rapport La Guardia constate que « l'usage de marijuana (cannabis) ne conduit pas à une dépendance à la cocaïne ou à l'héroïne. (...) Les occasions sont extrêmement rares où l'habitude de fumer de la marihuana (sic) est associée à une dépendance à ces narcotiques. » (4) (5)

En 1972, le président Richard Nixon a désigné un panel de politiques et de chercheurs en addiction pour examiner la politique fédérale en matière de cannabis. La commission, dirigée par Raymond P. Schafer, ancien gouverneur de Pennsylvanie, a mené une étude sur 105 fumeurs californiens appartenant à la classe moyenne afin d'analyser le prétendu potentiel de "passage" du cannabis. Selon les résultats de la commission, « à l'exception de la marihuana (sic) et du haschich, aucune drogue n'était utilisée par plus de 25 % de cette population et cet usage était quasi exclusivement expérimental. » Ce qui conduit la commission à conclure que « l'incidence de la consommation d'autres drogues était relativement bas, [même parmi] les consommateurs réguliers de marihuana ». Concernant le modèle d'usage de cannabis parmi les adolescents consommateurs, la commission constate qu' « une majorité [d'usagers de cannabis suivant des études supérieures] n'ont consommé aucune autre drogue illicite, et qu'ils tendent à être des consommateurs expérimentaux ou intermittents de marihuana (sic). » (6)

Le problème de l'effet supposé de passage du cannabis vers d'autres drogues a de nouveau été décortiqué plusieurs années après dans une étude menée pour le compte du Centre d'études sur les narcotiques et l'abus de drogues du National Institut of Mental Health (Institut national de la santé mentale). Dirigée par les docteurs Vera Rubin et Lambros Comitas du Research Institute for the Study of Man et conduite en Jamaïque, l'étude fut honorée comme étant « la première étude multidisciplinaire intensive sur l'usage de marijuana à être publiée » (7). Résumant les résultats de l'étude dans l'édition de Science Magazine du 4 juillet 1975, le Dr Eric Goode, de l'université d'Etat de New York à Stony Brook, écrit : « L'un des résultats les plus intéressants qui ressort de cette étude concerne l'hypothèse de "porte d'entrée" du cannabis. (...) Rien de tel ne survient parmi les Jamaïcains gros consommateurs réguliers de ganja. Aucune autre drogue n'etait utilisée, à part aspirine, thé, alcool et tabac. Le seul usage de drogue dure connu dans l'île est l'indulgence vis-à-vis des touristes Nord-Américains.» (8)

Une quatrième étude fédérale synthétique a réaffirmé cette conclusion quelques années après. Conduite par l'Institut de médecine de la national Academy of science (NAS) et publiée en 1982. Pendant 15 mois, cette étude a sondé les habitudes des Américains fumeurs de cannabis et a fourni des analyses exhaustives et équilibrées sur le cannabis et ses effets. Au sujet du potentiel d'escalade du cannabis, l'étude conclut qu' « il n'existe pas de preuves permettant de soutenir la croyance que l'usage d'une drogue conduirait inévitablement vers l'usage de n'importe quelle autre drogue. » (9)

Bien que jamais totalement laissée au repos, la très maligne théorie de l'escalade refit surface au début des années 90 comme thèse centrale proposée par le Centre sur les Addictions et l'abus de substances (Center on Addiction and Substance Abuse, CASA) et son directeur Joseph Califano. Armé des statistiques de l'enquête familiale nationale sur l'abus de drogues (National Household Survey on Drug Abuse, 1991), le CASA annonça que les consommateurs de cannabis avaient 85 fois plus de chances de consommer de la cocaïne que les non consommateurs de cannabis. Cependant, comme l'ont souligné les Dr. John Morgan et Lynn Zimmer, membres dirigeants de la NORML, cette statistique est proche de l'absurdité : elle a été obtenue par la division de la proportion des adolescents usagers de cannabis ayant aussi consommé de la cocaïne, par la proportion d'usagers de cocaïne n'ayant jamais consommé de cannabis. Le facteur à haut risque est non pas le produit du fait qu'un si grand nombre d'usagers de cannabis consomment de la cocaïne, mais que tant d'usagers de cocaïne ont consommé du cannabis auparavant (10).

« Ce n'est pas vraiment une révélation que les gens qui consomment l'une des drogues les moins populaires aient la probabilité de consommer les plus populaires ; pas seulement le cannabis, mais aussi l'alcool », remarque Morgan (11).

Mais l'argument le plus définitif contre l'hypothèse de "l'escalade" est que celle-ci ne résiste pas un instant face aux statistiques du gouvernement fédéral américain lui-même en matière d'usage de drogues. Par exemple, alors que l'usage de cannabis croissait dans les années 60 et 70, l'usage d'héroïne déclinait ; pendant que l'usage de cocaïne augmentait au début des années 80, l'usage de cannabis diminuait. Sur les 20 dernières années, le taux d'usage du cannabis a fluctué de manière dramatique tandis que celui des hallucinogènes changeait à peine. Plus significatif encore, les statistiques fédérales indiquent que bien que près de 66 millions d'Américains de plus de 12 ans ont essayé le cannabis à un instant de leur vie, moins d'un tiers d'entre eux ont essayé la cocaïne (12). En outre, moins de 16 millions d'Américains ont admis avoir goûté au LSD, moins de 7 millions des métamphétamines, et seulement 2,5 millions s'étaient tournés vers l'héroïne (13). En résumé, les statistiques fédérales concluent que la très grande majorité des Américains consommateurs de cannabis ne sont pas "passés" aux drogues dures.

Un fait qui mérite d'être mentionné est que de nombreux scientifiques et médecins du propre gouvernement américain remettent désormais en cause la validité de la "théorie de l'escalade". Par exemple, le Guide de 1995 sur le cannabis ("Cannabis : des Faits pour les adolescents", "Marijuana, Facts for Teens), publié par le Département américain de la santé et des services sociaux (U.S. Department of Health and Human Services (HHS), constate sans équivoque que « la plupart des consommateurs de cannabis ne se tournent pas vers d'autres drogues » (14). De plus, des analyses similaires du HHS en 1996 remarquent que la minorité d'usagers de cannabis qui se tournent ensuite vers des drogues dures le font non pas à cause de leur consommation de cannabis, mais à cause de la prohibition du cannabis. « L'usage de cannabis met les enfants et les adolescents en contact avec les gens qui consomment et vendent d'autres drogues », constate le rapport "Marijuana : Ce que les parents doivent savoir". « Il y a donc plus de probabilité pour un usager de cannabis d'être exposé et incité à essayer plus de drogues » (15).

Un soutien supplémentaire de cette théorie est fourni par les Pays-Bas, où le cannabis est autorisé à la vente dans des coffees-shops officiels et contrôlés par l'Etat, dans le but spécifique de détourner les jeunes consommateurs de cannabis du marché illicite dans lequel sont vendus des drogues dures. Il en résulte que seulement 1,8 % des jeunes Néerlandais disent avoir essayé la cocaïne, et que 75 % des usagers de cannabis adultes disent ne pas consommer d'autres drogues (16) (17). Par conséquent, il apparaît que lorsque le marché du cannabis est effectivement séparé de celui des drogues dures, le cannabis est nettement une "drogue terminus" plutôt qu'une drogue "d'escalade".

En 1999, un rapport de l'Institut de Médecine américain a réalisé une critique scientifique de ce mythe : « Il n'existe pas de preuve que les effets de la marijuana aient un lien de causalité avec un usage ultérieur d'autres drogues illicites » (18). Ce même rapport explique l'origine de ce mythe par le fait que « les modèles sur la progression de l'utilisation des drogues de l'adolescence à l'âge adulte sont d'une régularité saisissante. Parce qu'il est la drogue illicite la plus consommée, le cannabis est de manière prévisible la première drogue illicite rencontrée par la plupart des individus. Sans surprise, la plupart des usagers d'autres drogues illicites ont d'abord consommé du cannabis. En fait, la plupart des usagers de drogues ont commencé par l'alcool et la nicotine avant le cannabis - souvent avant l'âge légal.» (19)

En 2003, une étude sur le cannabis et son implication possible dans la théorie de l'escalade, parue dans le Journal of the American Medical Association, conclut :

« Bien que les résultats de cette étude montrent qu'un usage précoce de cannabis est associé à un risque croissant d'une progression vers d'autres drogues illicites et vers l'abus de drogue et la dépendance, il n'est pas possible de dresser de solides conclusions de causalités sur la seule base des associations mentionnées dans cette étude.»

« D'autres mécanismes pouvant servir d'intermédiaire dans une association causale entre une consommation précoce de cannabis et un usage ultérieur de drogues et un abus de drogue/dépendence inclue les faits suivants :

1. Les premières expérimentations du cannabis, qui sont fréquemment évaluées comme agréables, peuvent encourager l'utilisation continue de cannabis ainsi qu'une expérimentation plus large.

2. Apparemment, les expérimentations précoces et sûres du cannabis peuvent réduire le risque perçu, et donc les barrières, liées à l'usage d'autres drogues. Par exemple, comme l'immense majorité de ceux qui consomment du cannabis n'éprouvent aucune conséquence légale de leur consommation, cette dernière peut diminuer la force des sanctions légales contre l'usage de toutes les drogues.

3. A l'inverse, l'expérimentation de l'accès au cannabis et de l'usage qui en découle peut fournir aux individus un accès à d'autres drogues, puisqu'ils entrent en contact avec des dealers. Cet argument a fourni une forte impulsion aux Pays-Bas pour décrimialiser efficacement l'usage de cannabis avec l'objectif de le séparer du marché des drogues dures. Cette stratégie pourrait avoir été partiellement couronnée de succès puisque les taux d'usage de cocaïne parmi ceux qui ont consommé du cannabis sont plus bas aux Pays-Bas qu'aux Etats-Unis. » (20)

Les recherches menées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la théorie de l'escalade a constaté que la théorie selon laquelle l'usage de cannabis par les adolescents conduisait à la consommation d'héroïne était « la moins probable de toutes les hypothèses.» (21)

En 2002, une étude du Centre RAND de Recherche en Politique des Drogues a contredit la théorie selon laquelle la marijuana agit comme drogue d'escalade vers des drogues plus dangereuses comme l'héroïne et la cocaïne. En utilisant les informations de l'Enquête Nationale sur l'Usage de Drogues menée entre 1982 et 1994, l'étude conclut que les adolescents qui prenaient des drogues dures étaient prédisposés à le faire qu'ils aient essayé le cannabis en premier ou non.

« Nous avons montré que l'effet d'escalade de la marijuana n'est pas la meilleure façon d'expliquer le lien entre la consommation de marijuana et la consommation de drogues plus dures », a déclaré Andrew Morral, auteur principal de l'étude. « Une explication alternative plus simple et plus attirante explique le schéma de consommation de drogues que l'on voit dans ce pays, sans recourir à aucun effet d'escalade.»

« Les personnes prédisposées à consommer des drogues et qui ont l'opportunité d'en consommer sont plus susceptibles que les autres de consommer à la fois de la marijuana et des drogues plus dures », poursuit Morral. « La marijuana vient typiquement en premier parce qu'elle est plus disponible. Quand nous avons intégré ces faits dans notre modèle mathématique de consommation de drogue chez l'adolescent, nous avons pu expliquer toutes les associations de consommation de drogues citées comme preuve de l'effet d'escalade de la marijuana.»

« C'est une étude très importante avec des implications larges pour une politique de contrôle du cannabis », déclare Charles R. Schuster, un ancien directeur de l'Institut National sur l'Usage de Drogues et maintenant directeur de l'Institut de Recherche sur la Dépendance à l'Université d'Etat de Wayne. « J'espère seulement qu'elle sera lue avec objectivité et évaluée sur ses mérites scientifiques, et non rejetée de façon réfléchie parce qu'elle viole les convictions de la plupart des hommes politiques ». (22)

En 2003, le Comité spécial du Sénat canadien sur les drogues illicites a été chargé d'examiner « de façon transparente et objective » les lois et politiques anti-drogues du Canada concernant le cannabis. Pour ce faire, le Comité a procédé à l'audition de nombreux experts internationaux, a préparé des rapports de recherche et de synthèse, a recueilli de connaissances issues de nombreuses disciplines, a analysé des commissions d'enquête ayant examiné les politiques sur les drogues de plusieurs pays, et a étudié des rapports de synthèse établis par des groupes de travail scientifique dans divers pays européens et aux États-Unis. Au sujet de la théorie de l'escalade, il rappelle les faits suivants :

« Il convient d'abord de clarifier les termes. La version de l'escalade (stepping stone en anglais) soutient que la consommation de cannabis mène inexorablement vers la consommation d'autres drogues. Dans cette version, la consommation de cannabis entraînerait des modifications neurophysiologiques, affectant notamment le système dopaminergique (autrement appelé le système de récompense) créant ainsi le besoin de passer à la consommation d'autres drogues. Cette théorie a été amplement rejetée par la recherche. C'est la conclusion que nous partageons de plusieurs organismes internationaux de recherche sur les drogues, dont l'organisme britannique DrugScope :

[Traduction] « La théorie de l'escalade s'avère intenable et ne repose sur aucune preuve concrète. La "preuve" que les usagers d'héroïne ont souvent commencé par fumer du cannabis n'est pas surprenante et ne réussit pas à démontrer pourquoi la très grande majorité des usagers de cannabis ne progressent jamais vers des drogues comme le crack ou l'héroïne. La théorie de l'escalade (que le public confond souvent avec la théorie de la porte d'entrée) a été rejetée par la recherche scientifique. La notion que le cannabis "causerait" l'usage de drogues nuisibles a été et devrait être rejetée entièrement. » (23)

La théorie de la porte d'entrée (gateway) suggère que les trajectoires des usagers les amènent à faire face à des choix lorsqu'ils entrent dans une trajectoire de consommation et que l'un de ces choix sera d'utiliser ou non d'autres drogues. Selon cette version, certains facteurs tels une initiation précoce ainsi qu'une consommation plus régulière et plus intensive renforceront cette possibilité. Par ailleurs, ces facteurs eux-mêmes, et notamment une initiation précoce au cannabis, sont reliés à des facteurs antérieurs, tenant du milieu familial et des conditions sociales d'existence, qui prédisposent les jeunes plus vulnérables à cette initiation précoce et à l'installation plus rapide d'une consommation régulière et intensive.

[Traduction] « Selon cette explication, le lien entre l'usage de cannabis et d'autres drogues reflète le fait qu'un certain nombre de facteurs de risques et de trajectoires de vie prédisposent les jeunes à utiliser du cannabis et que ces mêmes facteurs se superposent avec des trajectoires qui les prédisposent à utiliser d'autres drogues. »(24)

En plus de ces facteurs prédisposant certains jeunes à une consommation plus intensive de substances psychoactives - dont l'alcool et le tabac en premier lieu - les conditions sociologiques dans lesquelles les usagers peuvent se procurer du cannabis font en sorte qu'ils sont en contact avec un milieu au moins marginal sinon criminalisé. Les revendeurs sont souvent les mêmes personnes qui vendent aussi héroïne, crack, amphétamines, cocaïne, ou ecstasy de sorte que les probabilités que le jeune usager de cannabis, déjà plus vulnérable par les facteurs de sa trajectoire personnelle, sera plus facilement en contact avec ces autres substances. Ajoutons aussi que grossistes et revendeurs « coupent » ou même mélangent les produits : on nous a dit à certaines occasions que l'ecstasy par exemple pouvait contenir bien autre chose que du MDMA.

De plus, s'il est vrai que la consommation de substances telles l'héroïne ou la cocaïne passe presque obligatoirement par la consommation préalable de marijuana, elle passe aussi par la consommation d'autres substances, notamment la nicotine et l'alcool qui seraient davantage les portes d'entrée d'une trajectoire d'usager que le cannabis.

Si l'on revient aux tendances d'usage des drogues dans la population, alors que plus de 30 % ont une expérience de consommation de cannabis, moins de 4 % ont consommé de la cocaïne et moins de 1 % de l'héroïne.

Par ailleurs, il est vrai que les usagers réguliers et intensifs sont plus susceptibles que les occasionnels de consommer d'autres substances. L'étude de Cohen et Kaal (25) discutée à la section précédente démontre par exemple que plus de 90 % des usagers de cannabis au long cours ont aussi consommé du tabac et de l'alcool au cours de leur vie, mais surtout que 48 % à Amsterdam et 73 % à San Francisco ont consommé de la cocaïne au moins une fois au cours de leur vie, et 37 % à Amsterdam, 77 % à San Francisco et 47 % à Bremen ont consommé des hallucinogènes au moins une fois. Néanmoins aucun des usagers réguliers de cannabis ne faisait un usage régulier d'autres substances. Les auteurs indiquent aussi que la séquence la plus fréquente est l'alcool (vers 14 ans), le tabac (vers 15 ans), le cannabis (vers 17 ans), suivi des autres drogues au début de la vingtaine.

Nous sommes d'avis que les données disponibles démontrent que ce n'est pas le cannabis en soi qui mène vers la consommation d'autres drogues mais la combinaison des facteurs suivants :

· Des facteurs reliés à l'histoire personnelle et familiale qui prédisposent à une entrée précoce sur une trajectoire de consommation de substances psychoactives commençant avec l'alcool ;

· Une initiation précoce au cannabis, plus précoce que la moyenne des expérimentateurs, et une installation plus rapide dans une trajectoire de consommation régulière ;

· La fréquentation d'un milieu marginal ou déviant ;

· La disponibilité des diverses substances chez les mêmes revendeurs. » (26)

Une étude comparative rigoureuse parue en mai 2004 dans l'American Journal of Public Health, comparant l'usage de cannabis aux Pays-Bas et aux Etats-Unis, démontre que la décriminalisation n'entraîne pas d'augmentation de la consommation de cannabis. L'étude n'a trouvé aucune preuve démontrant qu'un cannabis réglementé et pleinement légal puisse fournir une « porte d'accès » à d'autres drogues illicites. En fait, les consommateurs de cannabis de San Francisco étaient beaucoup plus souvent consommateurs de cocaïne, crack, amphétamines, etc, que les consommateurs de cannabis d'Amsterdam. Craig Reinarman, co-auteur de l'article, déplore qu' « aux Etats-Unis, la politique en matière de cannabis est fondée sur l'hypothèse que des sanctions strictes sont la meilleure méthode pour empêcher l'usage », alors que les découvertes faites par cette étude permettent d'en douter. « Les résultats de cette étude transfèrent désormais la charge de la preuve à ceux qui arrêteraient des centaines de milliers d'Américains chaque année sur le principe que cela dissuade l'usage », conclut Reinerman (27).

On sait en effet depuis longtemps que l'attitude pragmatique adoptée par les Pays-Bas a abouti au succès de la séparation des marchés (le cannabis est disponible officiellement en quantité limitée dans des coffees-shops depuis 1976), afin de réduire le risque pour l'usager de rentrer en contact avec la sous-culture criminelle entourant les drogues dures. Cela est prouvé par le taux de la population héroïnomane, le plus faible d'Europe, et l'augmentation peu significative de la demande de cannabis comparativement aux autres pays, comme l'a montré le rapport officiel "Drugsnota" du ministère de la Santé néerlandais (1995), ainsi que des recherches menées par le Centre for Drug Research à l'University d'Amsterdam (CEDRO).

En mai 2004, l'INSERM conclue frileusement dans le même sens, sans se référer pourtant à aucune des études mentionnées ci-dessus : « En conclusion, il paraît important de ne pas tirer de conclusions quant à un effet sensibilisateur du cannabis à d'autres substances d'abus et de dépendance (y compris opiacés) tant que les mécanismes réellement responsables de la mise en place des conduites addictives ne seront pas élucidés et que l'on ne disposera pas de résultats d'études réalisées chez l'homme.» (28)

Pour finir provisoirement cette interminable énumération, citons l'étude sur la consommation du cannabis réalisée par l'Institut de Recherche Epidémiologique en Pharmacodépendance (IREP), dirigé par le psychiatre Rodolphe Ingold en 1997. Celui-ci déclare :

« Notre étude ne permet pas une estimation du nombre total de consommateurs en France. Elle ne permet que la description de ce groupe d'utilisateurs qui en font un usage relativement intensif, quotidien dans la majorité des cas. Nous savons peu de choses, en revanche, sur les consommateurs très épisodiques, ayant consommé du cannabis à titre expérimental, à quelques reprises et sans suite. Ces derniers sont, de toute évidence, les plus nombreux. En d'autres termes, les conclusions que nous pouvons tirer de ce travail concernent bien le groupe des utilisateurs les plus actifs et non pas l'ensemble des usagers.

Elle confirme la grande diffusion de cette pratique dans tous les milieux sociaux et concerne essentiellement une population de jeunes et de jeunes adultes, touchant surtout les hommes. Phénomène relativement discret, cette consommation est peu associée aux problèmes médico-légaux tels qu'ils ont été décrits pour les toxicomanes en général.

Le groupe des consommateurs de cannabis se distingue en effet très nettement de ceux constitués par les toxicomanes demandeurs de soins ou incarcérés.

Les grandes différences entre ces groupes concernent leur bonne insertion sociale, la fréquence bien moindre de stigmates sévères de type médico-légal, la rareté des phénomènes d'addiction. Peu demandeurs de soins, peu stigmatisés et relativement peu repérés par les services de police et de justice, ils sont loin d'être des marginaux.

Ils bénéficient pour la plupart d'une insertion sociale diversifiée et dans les normes. Lycéens, apprentis, ouvriers, paysans, enseignants, jeunes cadres dynamiques, chefs d'entreprise, médecins ou gardiens de la paix, leur engagement dans ce type de consommation ne semble pas déterminé par une situation de détresse particulière au plan social ou psychologique.

Les évolutions naturelles de ces consommations sont en outre irrégulières, marquées aussi bien par de longues périodes d'abstinence totale que par des accélérations et des ralentissements.

Les éléments dont nous disposons ne permettent pas de soutenir l'idée d'une "escalade"qui se ferait à partir du cannabis vers d'autres drogues réputées plus dangereuses. Il est notable, cependant, que les sujets de notre échantillon ont souvent expérimenté d'autres drogues. Mais, en règle générale, ces consommations sont restées isolées. En revanche, nous constatons que le petit sous-groupe de ceux qui ont été dépendants d'une drogue dans le passé (tous produits confondus, à l'exception du tabac) se caractérise par une diminution des conduites addictives actuelles : ceux qui étaient dépendants de l'alcool, de l'héroïne et de la cocaïne ont, dans la grande majorité des cas, mis un terme à ces consommations ou les ont très sensiblement diminuées.

Une telle constatation ne saurait être vue comme une simple relation de cause à effet, une drogue "douce" venant se substituer à une drogue "dure". Nous savons en effet qu'il existe, y compris chez les toxicomanes avérés, une tendance à l'abandon des consommations avec le temps. Mais ce constat conforte l'idée selon laquelle il existe des modes de gestion efficaces de la consommation de tous les produits, y compris le cannabis.

Il devrait aussi, dans le sens inverse, nous faire poser l'hypothèse d'un lien entre cette consommation et ce que l'on pourrait appeler une "désescalade" si, toutefois, le concept d'une "grimpette" en drogues - dans un sens ou dans un autre - pouvait avoir le moindre sens.

La notion même de dépendance, chez les consommateurs de cannabis, mériterait d'être revisitée. Elle correspond effectivement à l'une des préoccupations des fumeurs. Encore faut-il ajouter qu'ils entendent par là, non pas la crainte de devenir dépendants comme des "toxicomanes", mais celle de développer avec le cannabis une attitude qu'ils ont ou pourraient avoir avec le tabac, l'alcool, le café ou d'autres psychotropes : les bénéfices qu'ils tirent de la consommation de cannabis - en termes de plaisir et de convivialité notamment - sont balancés par la conscience qu'ils ont de l'ensemble des inconvénients associés à une consommation qui deviendrait excessive ou trop régulière. L'idée même qu'ils ne souhaitent pas, dans la majorité des cas, renoncer définitivement à ce produit les invite à en moduler les prises, à les tempérer et à les gérer.

En tout état de cause, la dépendance dont il est question ne saurait être calquée sur le modèle des dépendances à l'alcool, au tabac ou à l'héroïne : il est tout à fait remarquable que le sentiment d'être dépendant, quand il existe, n'est proportionnel ni aux quantités consommées, ni aux fréquences de consommation. Ceci pose le cannabis dans une place très particulière par rapport aux autres drogues réputées engendrer la dépendance.

Mais les consommations de cannabis peuvent aussi donner lieu à de sérieux incidents. Parmi ces derniers, nous connaissons la possibilité de décompensation de maladies psychiatriques et l'existence de conduites de dépendance. Ce dernier point, qui concerne surtout des jeunes en situation de souffrance sociale ou psychologique, se manifeste par un enfermement du sujet dans des activités entièrement tournées vers le cannabis : consommation intensive, fréquentation exclusive de fumeurs, revente. De telles consommations cessent d'être récréatives et font du cannabis un objet d'investissement total, seul lien social entre le sujet et les autres. Ceci, bien sûr, n'étant pas l'apanage du cannabis et encore moins sa caractéristique principale.

D'une façon générale, nous observons que les consommations de cannabis se font selon des modalités qui en font des consommations assez bien contrôlées : les sujets ne fument généralement pas n'importe où, n'importe comment, avec n'importe qui et n'importe quand. C'est ainsi que l'on fume plutôt chez soi, entre amis, le soir, tandis que cela est plus rare en famille ou sur le lieu du travail.

Cette forte dimension de gestion des consommations lui donne l'apparence d'une certaine banalité : une telle consommation peut être routinière. Mais cette routine est elle-même le résultat d'un certain apprentissage du produit et de ses effets : les sujets connaissent les effets du produit, sa durée d'action, les risques et les inconvénients associés à une prise. » (29)

Ainsi donc, alors que les faits démontrent que la théorie de l'escalade n'est rien d'autre qu'un mensonge flagrant, celle-ci persiste malgré tout dans la rhétorique prohibitionniste. Comme plusieurs études l'ont souligné, toute corrélation entre l'usage de cannabis et l'usage de drogues dures peut être liée à la politique qui rejette le cannabis sur le même marché noir que celui de l'héroïne et de la cocaïne. Par conséquent, les hommes politiques qui expriment leur préoccupation sur cette prétendue potentialité du cannabis à conduire ses usagers aux drogues dures devraient reconsidérer leur argumentation et soutenir une politique qui sépare efficacement le cannabis du marché noir. Et la persistence de cette pseudo théorie dans un discours politique (ou autre) peut légitimement nous faire douter de la crédibilité réelle, sur ce sujet précis s'entend, de la personne ou de l'organisme qui s'y réfère (30).

Raph cannabis at free.fr

 

Notes

Pour ce texte je me suis largement inspiré de l'article http://www.ukcia.org/research/gateway.htm.

(1) "Observer des toxicomanes et l'usage de la drogue ?", René Padieu (ORSAS - 9 juin 1995), in supplément de la revue Pénombre.

(2) Source : Substance Abuse and Mental Health Services Administration, US Department of Health and Human Services, National Household Survey on Drug Abuse: Population Estimates 1998 (Washington DC: US Department of Health and Human Services, 1999), pp. 19, 25, 31.)

(3) Rapport de la Commission sur les drogues d'Inde (The Indian Hemp Drugs Commission Report, 1894) http://www.druglibrary.org/schaffer/Library/studies/inhemp/ihmenu.htm

résumé : http://www.druglibrary.org/schaffer/Library/effects.htm (anglais)

La commission rendit en 1894 un rapport de 7 500 pages comportant sept volumes, probablement l'étude la plus approfondie qui ait jamais été faite sur la question. Le rapport concluait à l'absence de nocivité du chanvre. En 1916 pourtant, comme la France, la Grande-Bretagne adoptera une législation prohibitionniste s'étendant à toutes les drogues.

(4) The Marihuana Problem in the City of New York : Sociological, Medical, Psychological, and Pharmacological Studies by the Mayors Committee on Marihuana. The Jaques Cattell Press, Lancaster, Pennsylvania, 1944, p. 25.

(5) Ibid., p. 13.

(6) Marihuana : A Signal of Misunderstanding : First Report of the National Commission on Marihuana and Drug Abuse. U.S. Government Printing Office, Washington, D.C., 1972, pps. 45-46.

(7) Sullivan, Walter. "Marijuana Study by U.S. Finds No Serious Harm." New York Times : July 5, 1975.

(8) Goode, Erich. "Effects of Cannabis in Another Culture." Science Magazine : July 1975, pp. 41-42.

(9) Marijuana and Health : Report of a Study by a Committee of the Institute of Medicine. National Academy Press, Washington, D.C., 1982, p. 47.

(10) Drs. Morgan, John and Zimmer, Lynn. "The Myth of Marijuana's Gateway Effect." NORML's Active Resistance, Spring 1995, p. 9.

(11) Ibid.

(12) Drs. Morgan, John and Zimmer, Lynn. Exposing Marijuana Myths : A Review of the Scientific Evidence. Open Society Institute, New York City, 1995, p. 14.

(13) Preliminary Estimates from the 1995 Household Survey on Drug Abuse. U.S. Department of Health and Human Services. Washington, D.C. August 1996, p. 56.

(14) Marijuana : Facts for Teens. U.S. Department of Health and Human Services. Washington, D.C. 1995, p. 10.

(15) Marijuana : What Parents Need to Know. U.S. Department of Health and Human Services. Washington, D.C. 1995, p. 11.

(16) Drs. Morgan, John and Zimmer, Lynn. Exposing Marijuana Myths : A Review of the Scientific Evidence.

(17) Cohen, Peter, et al. Cannabis Use, A Stepping Stone to Other Drugs? 1996.

(18) Janet E. Joy, Stanley J. Watson, Jr., and John A Benson, Jr., "Marijuana and Medicine : Assessing the Science Base," Division of Neuroscience and Behavioral Research, Institute of Medicine (Washington, DC: National Academy Press, 1999).

(19) Ibid.

(20) Lynskey, Michael T., PhD, et al., "Escalation of Drug Use in Early-Onset Cannabis Users vs Co-twin Controls," Journal of the American Medical Association, Vol. 289 No. 4, January 22/29, 2003, en ligne à

http://jama.ama-assn.org/issues/v289n4/rfull/joc21156.html

(21) Hall, W., Room, R. & Bondy, S., WHO Project on Health Implications of Cannabis Use : A Comparative Appraisal of the Health and Psychological Consequences of Alcohol, Cannabis, Nicotine and Opiate Use, August 28, 1995 (Geneva, Switzerland: World Health Organization, March 1998).

(22) Communiqué de presse de RAND du 2 décembre 2002, Reuters du 2 décembre 2002

http://www.rand.org/publications/RB/RB6010/

(23) [cité par le rapport du Sénat canadien] DrugScope (2001) Evidence to Home Affairs Committee Inquiry into Drug Policy. Disponible en ligne à l'adresse : http://www.drugscope.org.uk/druginfo/evidence-select/evidence.htm

(24) [cité par le rapport du Sénat canadien] Ibid.

(25) [cité par le rapport du Sénat canadien] Cohen, P.D.A. et H.L. Kaal, (2000) The irrelevance of drug policy. Patterns and careers of experienced cannabis use in the population of Amsterdam, San Francisco and Bremen. Amsterdam : University of Amsterdam, CEDRO. pages 92-93.

(26) Rapport du Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites. Le cannabis : positions pour un régime de politique publique pour le Canada. http://www.parl.gc.ca/37/1/parlbus/commbus/senate/com-f/ille-f/rep-f/repfinalvol1part2-f.htm

(27) The Limited Relevance of Drug Policy: Cannabis in Amsterdam and in San Francisco » (« Importance limitée de la politique des drogues : le cannabis à Amsterdam et à San Francisco» ), Craig Reinarman, Peter D. A. Cohen, directeur du Centre for Drug Research (CEDRO) à l'Université d'Amsterdam (Pays-Bas) et Hendrien L. Kaal, instructeur à l'Université de Leiden (Pays-Bas). Am J Public Health. 2004; 94:836-842).

http://www.ajph.org/cgi/content/abstract/94/5/836

http://www.cedro-uva.org/lib/reinarman.limited.html

(28) Communiqué disponible en ligne ici (.doc).

(29) "Qu'en est-il de l'usage de cannabis, en France, aujourd'hui ?, par Rodolphe Ingold, pychiatre et directeur de l'IREP. Article in revue Combat n° 13 (septembre 1998). R. Ingold est co-auteur avec Mohamed Toussirt de "Le cannabis en France", Editions Economica, Paris 1998, 192 p., 135 F. IREP, 34 rue Jean Cottin, 75018 Paris

(30) Quel crédit accorder à un "Centre International de Recherche Scientifique" qui déclare sans complexe (cf article) que « Beaucoup de consommateurs de drogues dures ont suivi un cheminement menant de la cigarette et de l'alcool au cannabis, à l'héroïne et à la cocaïne. Certains chercheurs avaient alors émis l'hypothèse selon laquelle les drogues douces constituaient une porte d'entrée vers des substances plus dures. Certes, tous ceux qui prennent un verre ne finissent pas dépendants de la cocaïne. Mais très rares sont les consommateurs de drogues dures qui n'ont pas d'abord essayé le cannabis. La nouvelle étude confirme que cette porte d'entrée est bien réelle » ?