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mercredi 20 décembre 2000, 19h01

 

Pérou: Fujimori aurait été mêlé à la mafia colombienne

 

BOGOTA (Reuters) - L'ancien président péruvien Alberto Fujimori ainsi que son bras droit, l'ancien chef des services secrets péruviens Vladimiro Montesinos, auraient touché jusqu'à 45 millions de dollars lors de transactions avec Pablo Escobar, l'ancien grand parrain de la mafia colombienne, selon le frère de ce dernier.

Roberto Escobar prétend que son frère Pablo, le grand caïd du commerce de la cocaïne tué lors d'une fusillade avec des policiers en 1993, avait passé un accord avec Montesinos afin de permettre à des avions transportant de la drogue d'utiliser des pistes secrètes au Pérou.

"Montesinos et Fujimori ont touché en tout entre 40 et 45 millions lors de transactions conclues avec mon frère Pablo", a déclaré Roberto Escobar, alias "El Osito", lors d'une interview à la télévision RCN à sa prison de Itagui, situé près de Medellin, jadis le fief du cartel d'Escobar.

Roberto avait déclaré il y a un mois que son frère avait remis en 1989 un million de dollars à Montesinos afin de financer la première campagne électorale de Fujimori, déclaration démentie par les autorités péruviennes qui ont affirmé qu'à l'époque, Montesinos et Fujimori ne se connaissaient pas.

Des enquêteurs péruviens, qui scrutent actuellement une série de comptes bancaires à l'étranger liés à l'ancien chef des services secrets et contenant plus de 70 millions de dollars, estiment que Montesinos avait mis sur pied au Pérou une véritable "mafia" s'étendant à travers le gouvernement, l'appareil judiciaire et l'armée.

L'ancien chef des services secrets est accusé de corruption, de blanchiment d'argent et de violation des droits de l'homme.

Des médias vénézuéliens ont rapporté mercredi qu'il aurait subi une chirurgie plastique dans une clinique de Caracas.

En exil au Japon, Fujimori n'a pas jusqu'à maintenant été formellement inculpé pour corruption. Le Japon, son pays de naissance, lui a reconnu la nationalité japonaise, empêchant ainsi toute extradition vers le Pérou.

 

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Tout le Pérou piste Montesinos

En quête de l'ex-chef des services secrets, la police ouvre un site web.

Par MICHEL TAILLE

Le samedi 30 et dimanche 31 decembre 2000

Recherché par Interpol Vladimiro Montesinos,ex-conseiller de l'ex-président Fujimori, est en fuite depuis octobre.  

Bogota correspondance

«Buscado». L'avis de recherche scintille en caractères rouges sous la photo de Vladimir Montesinos. Les créateurs du site Internet du ministre de l'Intérieur péruvien ont soigné l'ex-éminence grise de l'ex-président Alberto Fujimori, en fuite après avoir provoqué la chute de ce dernier en septembre. Accusé de blanchiment d'argent, de trafic de drogue, d'armes et d'influence, l'ancien chef des services secrets Montesinos est introuvable, avec Interpol et désormais Internet aux trousses.

Sa cavale a tout du roman d'espionnage: selon des sources militaires, l'ex-conseiller présidentiel se serait enfui en octobre en yacht jusqu'au Costa Rica, où une fausse barbe et un faux passeport lui auraient permis de s'envoler pour l'île à casinos d'Aruba, près du Venezuela. De là, selon la presse locale et colombienne, l'homme de l'ombre, inquiet de sa soudaine notoriété, aurait gagné Caracas pour subir une opération de chirurgie esthétique. Il aurait fait refaire ses paupières de Droopy glacial et rectifier le nez d'aigle qui s'affiche encore sur le site du ministère de l'Intérieur. Pendant son séjour, il aurait été accompagné d'une journaliste, Aurora Mejia.

Il manquait au roman un parfum de scandale d'Etat: la presse l'a apporté en rappelant les liens de l'un des médecins de la clinique avec le président vénézuélien, Hugo Chavez. Le gouvernement péruvien, conciliant, n'a pas insisté auprès de Caracas et a préféré s'en remettre à son appel à témoins internautes. Son site contient des photos et photomontages de Montesinos, glabre et barbu, ses données biographiques et physiques (55 ans, stature moyenne) ainsi qu'une chronologie de ses faits et gestes. Un appel à la collaboration garantit «la plus grande protection» à l'éventuel dénonciateur. Le site ministériel est déjà surchargé....

 

 

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