La montée de la violence en Colombie inquiète les pays de la région

Le Monde daté du 24 août 1999

 

EN TROIS JOURS, 65 personnes - principalement des paysans - ont été tuées par les forces impliquées dans la guerre civile colombienne, ont annoncé, dimanche 22 août, les organisations humanitaires et les responsables du maintien de l'ordre. De nombreux affrontements ont eu lieu à la frontière avec le Venezuela, un zone que se disputent les guérilleros guévaristes de l'Armée de libération nationale (ELN) et les groupes paramilitaires d'extrême droite des Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Ces dernières auraient abattu au moins 50 paysans autour des villes de Gabarra et Tibù. Le théâtre de ces affrontements est une région productrice de coca, la matière première nécessaire à l'élaboration de la cocaïne.

Selon les autorités colombiennes et leurs conseillers américains, les guérilleros marxistes sont impliqués dans le trafic de stupéfiants.L'extension des affrontements en Colombie continue d'inquiéter les pays voisins, à commencer par le Venezuela. Le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé dimanche qu'il allait ouvrir des pourparlers avec la guérilla colombienne en territoire vénézuélien. « Le gouvernement colombien n'est pas en position de nous garantir la sécurité le long de notre frontière », a déclaré M. Chavez.

IMMIXTION VÉNÉZUÉLIENNE

L'immixtion du Venezuela dans le conflit colombien suscite un agacement certain à Bogota. Le ministre colombien des affaires étrangères a accusé l'armée vénézuélienne de fournir des armes à la guérilla, ce à quoi Caracas a rétorqué que cet armement provenait « essentiellement des forces armées colombiennes ».

Parallèlement, le Pérou et le Brésil, qui ont également des frontières communes avec la Colombie, ont annoncé le renforcement des mesures destinées à prévenir l'extension du conflit sur leur territoire. Brasilia doit établir des barrages routiers aux postes-frontières. Le Pérou va mobiliser 2 000 hommes, encadrés par des conseillers américains.

L'appui des Etats-Unis aux opérations de lutte contre la guérilla et les trafiquants de stupéfiants dans la région entretient la crainte d'une intervention directe ou indirecte. Après le ministre des affaires étrangères vénézuélien, c'est le président du parlement cubain, Ricardo Alarcon, qui a dénoncé dimanche cette éventualité, la qualifiant de « folie ». -  (AFP, AP.)