aujourd'hui COLOMBIE

Les Etats-Unis la main dans le sac

La DEA, l'agence américaine de lutte contre le trafic de drogue, aurait pris contact avec Carlos Castaño, le chef des groupes paramilitaires colombiens, pour obtenir la reddition de trafiquants de drogue.

«Je n’accepterais pas des armes ou une formation militaire des Etats-Unis mais, pour en finir avec la guérilla, je pourrais m’allier avec le diable.» Cette déclaration de Carlos Castaño, le chef des groupes paramilitaires colombiens ne met pas fin à l’affaire qui met l’administration américaine dans une position difficile. Selon le «Nuevo Herald» de Miami, des agents de la DEA, l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogue, ont contacté Castaño pour obtenir la reddition d’une dizaine de trafiquants colombiens. Le quotidien s’interroge : comment «le gouvernement des Etats-Unis, qui accusait les paramilitaires des plus horribles massacres, pouvait-il autoriser des contacts entre ces hommes et certains de ses fonctionnaires» ?

Les premiers contacts indirects entre les fonctionnaires de la DEA et Carlos Castaño ont été noués par l’intermédiaire d’un trafiquant de drogue, Nicols Vergonzoli. Ce dernier devait organiser une réunion dans un pays limitrophe entre le chef des paramilitaires, des représentants de la DEA et d’autres organismes américains. Finalement, la réunion n’a jamais eu lieu.

Interrogé par téléphone, Castaño regrette de n’avoir pu sceller cet «accord historique». L’objectif était simple. «Les paramilitaires menaçaient de mort les trafiquants pour les pousser à se rendre et, en échange, les Etats-Unis finançaient les groupes paramilitaires», rapporte «El Tiempo». Ces révélations portent un nouveau coup au processus de paix colombien. Le gouvernement du président Pastrana peine à obtenir un soutien financier de l’Union européenne et voit sa crédibilité s’effondrer.

Courrier International

10/8/2000, Numéro 508