COLOMBIE

Les effets pernicieux du plan antidrogue

 

Article d' "El Mundo" (Madrid) cité dans Courrier International n°508 du 27/07/2000.

 

FARC, Le site officiel de la plus ancienne guerilla communiste d'Amérique latine (en espagnol)

 

DEA L'administration américaine chargée de la lutte contre les drogues (en anglais)

http://www.usdoj.gov/dea/

 

Derechos humanos Le site de cette association des Droits de l'homme est bien fait et propose beaucoup de liens (en espagnol)

http://www.derechos.org/nizkor/colombia/

 

Processus de paix Pour suivre et comprendre la processus de paix colombien (en anglais)

http://www.ciponline.org/colombia/

 

Présidence de la République Le site du président Pastrana est actualisé en permanence (en espagnol)

http://www.presidencia.gov.co/

 

"Courrier international" vous en a déjà parlé (archives)

 

Le Plan Colombie, proposé par le président Andrés Pastrana et subventionné par les Etats-Unis, provoque une violente polémique

 

Le Plan Colombie, qui regroupe l'ensemble des mesures proposées par le président de la République, Andrés Pastrana, pour tenter de pacifier le pays et d'éradiquer la production de drogue, aura des effets pervers sur le processus de paix [entre la guérilla et le gouvernement]. L'opinion publique a le sentiment que ces mesures seront sans effet sur le narcotrafic, qu'elles donneront même un nouvel essor à la culture [de la coca] et contribueront à la militarisation du sud du pays, provoquant ainsi une aggravation du conflit armé.

 

Les protagonistes de Colombia y Europa responden al Plan Colombia [La Colombie et l'Europe répondent au Plan Colombie], réunis le 5 juillet à Madrid, à la veille de la rencontre qui devait se tenir entre les pays donateurs dans la capitale espagnole, s'opposent au projet du président Pastrana car, selon eux, celui-ci n'aborde pas les problèmes de fond et ne prend pas en compte les principaux intéressés, c'est-à-dire la société civile tout entière. Le point le plus critiqué du Plan Colombie vise une action qui combine des opérations militaires et l'augmentation des fumigations sur les champs de coca, dans le but de reprendre le contrôle militaire de la région sud du pays. Les trente organisations non gouvernementales présentes à Madrid ont exhorté les donateurs à refuser ce projet et à convoquer une conférence internationale. "Nous ne soutenons pas le Plan Colombie tel qu'il est conçu à présent parce qu'il n'a pas fait l'objet d'un débat démocratique alors qu'il détermine l'avenir de la guerre et de la paix dans le pays", a affirmé Jorge Rojas, du Bureau pour les droits de l'homme (CODHES), en insistant sur le fait que son pays a besoin de l'aide internationale, certes, "mais pour la paix, et non pour la guerre". M. Rojas fait allusion à l'approbation récente par le Congrès des Etats-Unis de l'attribution à la Colombie d'une aide de 1,3 milliard de dollars, des fonds destinés à la coopération militaire avec l'armée colombienne afin que celle-ci puisse améliorer sa stratégie de lutte contre la guérilla.

 

Le problème, selon Amnesty International, est qu'il n'existe aucun moyen de contrôler l'usage qui sera fait de cet argent et que rien ne permet d'assurer qu'il ne finira pas entre les mains des paramilitaires. Andrés Pastrana ayant rappelé que le plan était indissociable de l'aide militaire étasunienne, Susan Lee, d'Amnesty International, rétorque en ces termes : "Etant donné la façon dont il est conçu, ce plan ne peut qu'aggraver la situation déjà critique des droits de l'homme dans le pays." Cette contradiction soulève la plus grande méfiance parmi les organisations présentes à la réunion, qui critiquent avec une sévérité particulière le fait que Bogotá ne s'attaque pas aux filières du narcotrafic, c'est-à-dire les grands exportateurs, mais seulement aux paysans qui cultivent la drogue.

 

La stratégie du gouvernement colombien, qui bénéficie de l'appui total des Etats-Unis, se fonde sur l'hypothèse que le trafic de drogue finance la guérilla, alors que cette dernière est loin d'être la seule à en profiter. Selon des informations fournies par Ricardo Vargas, d'Acción Andina, la guérilla peut compter sur 500 millions de narcodollars par an, c'est-à-dire 1 % des 50 milliards générés au total. "Le Plan Colombie ne prend absolument aucune initiative pour lutter contre les 99 % restants", déplore-t-il.

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