APPEL DE NANTES

DES PARENTS POUR UNE LEGALISATION CONTRÔLEE DES DROGUES ,

CONTRE LA PROHIBITION

 

Nous aimons nos enfants. Bien entendu nous voulons qu'ils deviennent heureux et responsables, qu'ils soient préservés à jamais du malheur, de la misère matérielle ou psychologique: maladie, violence, exclusions, toutes les formes de dépendance ou d'aliénation.

Nous aimons nos enfants. Nous ne voulons pas qu'un jour ils puissent devenir toxico-dépendants ou dealers.

Malheureusement, il paraît inévitable qu'ils rencontrent un jour la drogue sur leur chemin, et cela dans la pire des conditions, celle de l'illégalité des substances psychotropes, c'est-à-dire dans le cadre :

- du non-dit et de la délinquance,

- de la sous-information et la sous-culture prohibitionniste, nourrie de fantasmes et d'ignorances,

- de l'usage de produits rendus dangereux parce que frelatés, de la consommation à l'aveugle sans aucun contrôle sanitaire,

- de la transmission du Sida,

- des méthodes corruptrices de la mafia,

- de la criminalisation inexorable des toxicomanes incapables de payer les coûts énormes de leurs doses quotidiennes.

Voici les situations auxquelles chaque enfant est potentiellement confronté.

On compte 150 000 toxicomanes lourds dans un pays comme la France, dont de très nombreux séropositifs, et le trafic clandestin atteindrait 7% du P.I.B dans ce pays (selon la police elle-même). On estime qu'environ un détenu sur trois est enfermé, dans des prisons surpeuplées, pour un délit lié à la drogue. Ces chiffres indiquent l'échec patent de deux décennies de coûteux efforts dans l'état le plus prohibitionniste d'Europe.

Le narcotrafic ne cesse de s'étendre, car il génère les taux de profits le plus importants de toute l'histoire de l'humanité, garantis artificiellement par le régime prohibitionniste. Jamais la mafia ne réclamera la légalisation des drogues.

D'ores et déjà, les sommes immenses accumulées par les différents trafiquants de la drogue les mettent en mesure de corrompre, d'influencer, de déstabiliser les politiques des états du tiers-monde, et peut-être déjà celles des Démocraties du Nord.

Aujourd'hui, en tant que citoyens, nous savons que la drogue n'est pas d'abord un problème sanitaire, si douloureux soit-il, mais avant tout une menace mondiale pour la démocratie et le développement.

En tant que parents, nous ne voulons plus que nos enfants soient un jour victimes de l'hypocrisie prohibitionniste, prétendument exercée au nom d'impératifs sanitaires ou sociaux.

Nous demandons pour nos enfants une information réelle, ni moraliste, ni permissive, dans les médias, dans leurs écoles et leurs lieux de vie.

Nous proposons que toutes les drogues soient dépénalisées, qu'elles soient fabriquées et distribuées sous contrôle sanitaire et social, de façon à soustraire les toxicomanes à la contamination du Sida, à la nécessité de voler, de tuer ou de se prostituer pour acheter leurs doses.

La légalisation contrôlée ne résoudra pas tous les problèmes, et en tous cas pas celui de la Toxicomanie.

Il faudra que nos sociétés apprennent à vivre avec le risque des drogues qu'elles doivent assumer, comme tout autre déséquilibre social. Mais il est urgent de sortir vite de l'impasse prohibitionniste qui a désormais fait la preuve historique de ses effets pervers.

Aujourd'hui, on commence à le comprendre en Europe, comme en témoigne les résultats du référendum consacré récemment ce sujet en Italie.

 

Parents, assumons nos responsabilités. Prenons la parole.

Nous voulons qu'un débat s'instaure enfin sur ces propositions. Nous le voulons en tant que citoyens et en tant que parents.